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    Premier rapport du gendarme Christian Jambert

     

    Toute remonte à 1981. Christian Jambert est chargé de l'enquête sur le meurtre de Sylviane Lesage, 23 ans, dont le corps a été découvert dans un abri à bestiaux de Rouvray, près d'Auxerre. La victime est la maîtresse d'Emile Louis, un quinquagénaire, chauffeur de car à l'Association pour l'aide aux adultes et jeunes handicapés (APAJH), qui gère huit centres d'accueil dans le département. Lors de son enquête, Jambert découvre que la compagne de l'époque d'Emile Louis héberge trois fillettes de la Ddass qui se plaignent régulièrement d'être obligées de faire «de drôles de choses» par Monsieur Emile. Le chauffeur de car devient alors, aux yeux du gendarme, le suspect numéro 1 du meurtre de Sylviane. Inculpé, Emile reconnaît pratiquer régulièrement des attouchements sur les fillettes mais nie le meurtre de Sylviane Lesage. Il est condamné en janvier 1983 à cinq ans de prison, mais voit sa peine réduite en appel à quatre ans. 

     

    Jambert n'entend pas les choses de cette oreille et persuadé de détenir le coupable il continue son enquête. C'est en fouillant les archives de l’APAJH qu'il découvre, totalement par hasard, l'existence des sept «fugueuses» tombées dans l'oubli: 

     

    -Christine Marlot (16 ans), disparue le 23 janvier 1977.
    -Françoise Lemoine (19 ans), disparue en été 1977 a Auxerre.
    -Bernadette Lemoine (21 ans), disparue en 1977 a Auxerre.
    -Jacqueline Weiss (18 ans), disparue le 4 avril 1977 a Auxerre.
    -Madeleine Dejust (22 ans), disparue en juin 1977 a Auxerre.
    -Chantal Gras (18 ans), disparue le 22 avril 1977 a Villefargeau.
    -Martine Renault (16 ans), disparue début 1979.

     

    Jusqu'à la remise de son rapport au parquet d'Auxerre en 1984, il ne cesse de compléter son enquête sur la disparition des sept jeunes handicapées. 

     

    Ce sont des filles un peu simplettes que l'on dit frivoles et naïves qui vivent chez des familles nourricières de la région. Elles passent leurs journées à l'institut médico-éducatif (IME) d'Auxerre où elles sont conduites en bus par Emile Louis. 

     

    Leurs disparitions successives n'inquiètent personne à Auxerre. Ni leurs familles d'accueil, seulement intéressées par la pension que la garde de ces orphelines leur rapporte, ni l'IME qui conclut très vite à des fugues volontaires. Aucun signalement n'est effectué à la gendarmerie et aucune recherche n'est entreprise à l'exception de Martine Renault, mineure au moment de sa disparition. 

     

    Jambert n'est pas de cet avis et découvre qu'elles fréquentaient toutes Emile Louis et lui vouaient une confiance sans bornes et qu'elles ont toutes été aperçues près de lui peu de temps avant leur disparition. 

     

    Mais Emile Louis n'avoue pas et le parquet d'Auxerre ordonne un non-lieu.  

     

     

    Christian Jambert: enquêteur à la vie à la mort

     

    On ne peut pas parler de l'affaire des disparus de l'Yonne sans s'arrêter sur la personnalité de l'Adjudant Jambert qui a porté ce dossier à bout de bras pendant de longues années. 

     

    A l'époque maréchal des logis chef, il rencontre Emile Louis pour la première fois en 1979 alors qu'il participe à l'enquête sur la disparition de Martine Renault. Suspecté une première fois, il réussit à passer entre les mailles du filet de la justice.

     

    A partir de la seconde audition d'Emile Louis en 1981 au sujet de la mort de Sylviane Lesage, il ne cessera pas son enquête malgré toutes les embûches qu'il rencontrera. Il poursuit même ses investigations seul après 1989, date à laquelle il est muté dans la Nièvre. 

     

    Son acharnement le mène à la dépression nerveuse et en 1995 il tente de se suicider en avalant des médicaments. Il survit et est mis à la retraite.

     

    Le 4 août 1997 alors que le dossier des « disparues» vient d'être officiellement rouvert et qu'il doit être entendu par le juge Benoît Lewandoski, Christian Jambert est retrouvé mort dans son pavillon d'Auxerre. Les constatations d'un médecin généraliste aboutissent alors au classement de son décès en suicide par arme à feu par le procureur de la République d'Auxerre, Jacques Cazals.

     

    Sa famille ayant toujours refusé cette thèse, le corps du gendarme est exhumé en 2004 et après autopsie, les experts affirment que la victime est décédée " de deux plaies par armes à feu, intracrâniennes et cérébrales, mortelles chacune d'emblée". Ces constatations remettent en lumière la thèse de l'assassinat, et les juges d'instruction Flauss et Renault, chargées de l'enquête, jugent nécessaire de faire pratiquer une contre-expertise. Celle-ci confirme que le gendarme Jambert est bien mort de deux balles dans la tête mais souligne que les tirs n'ont pas été forcément mortels immédiatement s'appuyant sur un cas précédent assez similaire. 

     

    Depuis la famille du gendarme dénonce ce flou qui entoure toujours sa mort et est persuadée qu'il a été assassiné à cause de son acharnement à faire tomber Emile Louis.  


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